Les petits portraits français du XVIe siècle sur fonds
colorés – vert olive, brun, plus rarement bleu – étaient devenus objets de
collections dès la fin du siècle. Aucun de ces tableaux ne porte de signature.
On les appelait tout simplement « Corneille », sans savoir s’il
s’agissait du prénom ou du nom de leur auteur dont on savait seulement qu’il
était lyonnais. Dans son histoire de Lyon parue en 1757 Pernetti en avait fait
le nom auquel il avait ajouté, sans fondement aucun, le prénom de
« Claude ». Mais si l’on retrouve encore le portraitiste, dans les
dictionnaires et les catalogues, avec ce prénom fantaisiste, c’est sous le
surnom « de Lyon » donné par Bouchot au XIXe siècle qu’il est
aujourd’hui célèbre. Et ce, malgré les recherches d’Anne Dubois de Groër qui
avait définitivement établi que le nom de l’artiste en France était « de
La Haye », formé en 1547 à partir de sa ville natale lorsque Corneille fut
naturalisé Français (Anne Dubois de Groër, Corneille de La Haye dit
Corneille de Lyon. 1500/1510-1575, Paris, Arthéna, 1996).
C’est ce nom que portaient les descendants de Corneille et
ils n’étaient guère les seuls, car on rencontre à l’époque plusieurs « de
La Haye » dans les documents de Lyon, de Tours ou de Paris :
médecins, avocats, artisans ou marchands.
Pourtant, aujourd'hui encore, l'appellation
conventionnelle « Corneille de Lyon » reste d’usage. Les
collectionneurs et les galeristes y sont attachés, et, à l'heure du tout
numérique ou numérisé, il est plus aisé de faire des recherches et d'établir
les provenances lorsque l'attribution ne change pas. Le plus judicieux serait
donc de parler de « Corneille de La Haye dit de Lyon » ou de
« Corneille de La Haye dit Corneille de Lyon ».
Corneille de La Haye dit de Lyon, Homme inconnu probablement un officier royal. Vers 1545-1550. Vienne, Kunsthistorisches Museum.